Les salariés-aidants, une solidarité « invisible »

Sur 8 millions de Français aidant un proche en situation de dépendance, 47% exercent une activité professionnelle. 39% des aidants considèrent que l’aide apportée à leur proche a un impact négatif sur leur vie professionnelle. Entre eux et nous vous proposent ce mois-ci un reportage, signé Karine Le Loët, au cœur du quotidien d’Elsa P., aidante, et de son père, qu’elle aide tous les jours.
Alors qu’elle termine ses études d’éducatrice spécialisée, Elsa voit son père tomber gravement malade. Après un AVC et 4 mois de coma, il se réveille quasi aveugle et invalide. Elsa et son père emménagent ensemble à Paris dans un deux pièces. Elle jongle alors entre son activité d’éducatrice spécialisée dans une institution, les emplois du temps des infirmiers à domicile, les rendez-vous médicaux de son père. Jamais elle n’ose en parler dans son milieu professionnel. Père et fille finissent par emménager dans deux appartements distincts dans la même résidence de Villiers sur Marne. En mars 2020, Elsa décide d’arrêter toutes les visites (infirmière, orthoptiste, kiné...) à domicile pour protéger son père, fragile, du Covid. Au sortir du confinement, elle tente de reprendre le travail mais s’épuise vite. En mars 2022, elle se met à son compte et travaille pour une association pour les autistes qui lui permet d'organiser son emploi du temps comme elle le souhaite. Elle n’a toujours pas repris d’aides à domicile pour son père mais, à bientôt 40 ans, assure - grâce à son nouveau travail - avoir retrouvé une relation père-fille au-delà des moments de soins purs, parvenir à souffler enfin et à garder un peu de temps pour elle.

Le reportage est complété par un entretien de Laurence Garcia avec le sociologue Stéphane Hugon, fondateur du cabinet Eranos, qui a participé au 2e colloque de l'Observatoire solidaire de La Mutuelle Générale à l’automne 2021.
Présentation et interview : Laurence Garcia
Réalisation : Malo Williams & François-Charles Domergue