
Entretien avec Olivier Sibony
11/26/21 • 63 min
S’il est courant de croire notre humanité affligée par l’irrationalité, c’est bien l’usage de la raison qui nous aura permis de comprendre pourquoi nos cervelles sont si bien faites pour faire n’importe quoi. Les biais cognitifs, tous ces mauvais plis pris par notre esprit au cours de son évolution et nous faisant voir la réalité non pas telle qu’elle est mais telle qu’elle nous arrange (et profite à nos gènes), sont les fruits aujourd’hui parmi les mieux connus de cette entreprise métacognitive – la pensée sur la pensée. Avec son best-seller Vous allez commettre une terrible erreur (Flammarion, 2019), synthèse de ses travaux de recherche sur les biais cognitifs et comportementaux, Olivier Sibony fait partie de ceux que l’on peut amplement remercier pour cela.
Avec le psychologue et économiste, Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d’économie en 2002, et le juriste et philosophe Cass Sustein, célèbre coconcepteur du « nudge », Olivier Sibony, l’invité du numéro 24 des Contrariantes, cosigne cette année Noise, dont la version française vient de sortir chez Odile Jacob dans une traduction de Christophe Jaquet revue par ses soins.
L’ouvrage se consacre à une autre infirmité de notre raison, cette fois-ci collective : le bruit. Comme le détaillait Kahneman dans une interview donnée au magazine scientifique britannique New Scientist, le bruit est « la quantité de désaccords entre des individus ayant à émettre un jugement professionnel. Pensez à une organisation, un système médical ou judiciaire, par exemple, dans laquelle des gens effectuent des tâches de jugement. Le bruit est la variabilité de leurs jugements sur une même tâche ». Quand les sentences de 208 juges fédéraux américains sont analysées pour trouver que, sur des dossiers similaires, les condamnations vont de cinq à neuf ans de prison, c’est que ces décisions sont bruitées. Et Sibony d’être encore plus laconique : « Partout où il y a du jugement, il y a du bruit. Et bien plus que vous pourriez le penser. »
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S’il est courant de croire notre humanité affligée par l’irrationalité, c’est bien l’usage de la raison qui nous aura permis de comprendre pourquoi nos cervelles sont si bien faites pour faire n’importe quoi. Les biais cognitifs, tous ces mauvais plis pris par notre esprit au cours de son évolution et nous faisant voir la réalité non pas telle qu’elle est mais telle qu’elle nous arrange (et profite à nos gènes), sont les fruits aujourd’hui parmi les mieux connus de cette entreprise métacognitive – la pensée sur la pensée. Avec son best-seller Vous allez commettre une terrible erreur (Flammarion, 2019), synthèse de ses travaux de recherche sur les biais cognitifs et comportementaux, Olivier Sibony fait partie de ceux que l’on peut amplement remercier pour cela.
Avec le psychologue et économiste, Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d’économie en 2002, et le juriste et philosophe Cass Sustein, célèbre coconcepteur du « nudge », Olivier Sibony, l’invité du numéro 24 des Contrariantes, cosigne cette année Noise, dont la version française vient de sortir chez Odile Jacob dans une traduction de Christophe Jaquet revue par ses soins.
L’ouvrage se consacre à une autre infirmité de notre raison, cette fois-ci collective : le bruit. Comme le détaillait Kahneman dans une interview donnée au magazine scientifique britannique New Scientist, le bruit est « la quantité de désaccords entre des individus ayant à émettre un jugement professionnel. Pensez à une organisation, un système médical ou judiciaire, par exemple, dans laquelle des gens effectuent des tâches de jugement. Le bruit est la variabilité de leurs jugements sur une même tâche ». Quand les sentences de 208 juges fédéraux américains sont analysées pour trouver que, sur des dossiers similaires, les condamnations vont de cinq à neuf ans de prison, c’est que ces décisions sont bruitées. Et Sibony d’être encore plus laconique : « Partout où il y a du jugement, il y a du bruit. Et bien plus que vous pourriez le penser. »
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Sabine Prokhoris et « MeToo »
Il y a quatre ans, "Me Too", ce déferlement de dénonciations de violences sexuelles, qui éclata de façon inattendue à la suite des révélations sur le comportement prédateur du producteur de télévision américain Harvey Weinstein, battait son plein, provoquant les passions favorables et (plus rarement) critiques. D’abord spectatrice neutre, la psychanalyste et philosophe Sabine Prokhoris, féministe atypique, s’est peu à peu inquiétée de cet élan de masse qui lui semblait de plus en plus englobant, grégaire et liberticide. Elle en a tiré un livre dense et cinglant, (Le Cherche Midi), dans lequel elle refuse catégoriquement l’appel l’injonction du "moi aussi". L’occasion pour les Contrariantes, que ce sujet a toujours captivé, de se pencher sur un phénomène devenu pour beaucoup un totem de la "libération de la parole", mais qui pourrait cacher autant de vacuité que de désillusions.
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Entretien avec Ferghane Azihari
On peut vouloir défendre l’environnement sans être anticapitaliste – mieux, en estimant que celui-ci est le système le plus à même, via l’innovation et la propriété privée, de préserver la nature et de lutter contre le réchauffement anthropique du monde. C’est le propos original de Ferghane Azihari, jeune consultant en politiques publiques, dans son livre Les Écologistes contre la modernité. Le procès de Prométhée (Presses de la cité).
Non seulement les solutions préconisées par ceux qui se disent écologistes – abandon des pesticides, sortie du nucléaire, fin de l’élevage industriel – sont radicales, argumente-t-il, mais on peut fortement douter qu’elles arrivent à leurs fins. De plus, ces propositions, si elles voyaient le jour, mettraient grandement en danger les sociétés libérales, car on peine à imaginer comment certaines idées des plus liberticides, comme la limitation des naissances ou l’envoi d’un tiers de la population active dans les champs, pourraient être accomplies dans un cadre démocratique... Nos Contrariantes interrogent Azihari sur, entre autres, l’origine de son intérêt pour l’écologie, la détestation du capitalisme ou encore les origines droitières de l’écologie.
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