
Saison 3 - Le supermarché de la drogue (2/6)
06/11/24 • 15 min
Dans ce deuxième épisode de la troisième saison, Cartel Nord revient sur l'arrivée et le développement du trafic de drogue à la cité de la Castellane, devenue une cible prioritaire pour le gouvernement au début des années 2010.
Située au pied de la colline du Verduron au nord-ouest de Marseille, cette cité, avec sa vue sur la mer, est une véritable ville dans la ville avec près de 6 000 habitants. Construite au début des années 70, elle répond à un double objectif : loger les populations immigrées venues travailler en France et en finir avec les bidonvilles disséminés un peu partout dans la ville.
Dans les années 80, l’idéal de mixité sociale s’effrite et les classes moyennes désertent la Castellane comme le reste des quartiers Nord. Le chômage, la précarité et le retrait progressif des services publics changent peu à peu le visage de la cité qui devient dans les années 2000 un haut lieu du trafic de drogue.
Sa situation géographique, implantée à proximité des autoroutes A55 et A7, va permettre au trafic de s'y développer. "Aujourd'hui, la Castellane est devenue un lieu métropolitain. Il y a deux autoroutes à proximité, ce qui permet de venir facilement de Vitrolles, d'Aix-en-Provence ou même du centre-ville de Marseille pour y faire ses affaires", décrypte le sociologue Michel Peraldi.
À cette accessibilité s'ajoute une architecture particulière qui vaut rapidement à la cité le surnom de "citadelle imprenable" par les policiers. Sa dizaine de barres d’immeuble, ses multiples coursives et ses innombrables coins et recoins font de la Castellane un véritable labyrinthe. "Le jeu du chat et de la souris entre les trafiquants et les policiers est vraiment déséquilibré parce que c'est d'une simplicité incroyable pour les dealers, et c'est ce qui fait qu'ils ont été assez intouchables pendant très longtemps", décrit Romain Capdepon, journaliste à La Provence.
Début 2012, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, cible le trafic de drogue de la Castellane pour en faire un exemple de sa lutte contre le trafic. L'enquête peut commencer et plusieurs renseignements anonymes met les enquêteurs sur la piste d'appartements nourrices, preuve qu'un trafic d'ampleur se déroule bien au cœur de cette cité. "Il y a eu une première affaire fin mai 2012 où nous avons mis la main sur 3 kilos de résine de cannabis, du matériel de conditionnement, des armes, des cartouches, etc. Le 1 juillet 2012, nous avons trouvé 78 kilos de résine de cannabis dans un autre lieu. Et en octobre 2012, nous avons trouvé 17 kilos de résine de cannabis, un pistolet automatique et des cartouches", se souvient Pierre-Marie Bourniquel, ancien directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône.
Fin 2012, l'enquête est confiée à la police judiciaire de Marseille à travers les groupes "cité" nouvellement mis en place dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. C'est le début d'une enquête hors norme pour faire tomber les principaux caïds du réseau de la Tour K.
Cartel Nord est un podcast en 5 saisons à découvrir sur laprovence.com et toutes les plateformes de streaming.
***************************************
Cartel Nord est un podcast original La Provence.
Écrit et raconté par : Eric Miguet et Jean-Guillaume Bayard.
Stagiaires : Baya Drissi et Camille Micaelli.
Habillage et mixage : Aurore Le Bihan et Sylvain Paley.
Rédaction en chef : Aurélie Rossignol.
Directeur de la rédaction : Aurélien Viers.
Avec la participation du service Documentation.
Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans ce deuxième épisode de la troisième saison, Cartel Nord revient sur l'arrivée et le développement du trafic de drogue à la cité de la Castellane, devenue une cible prioritaire pour le gouvernement au début des années 2010.
Située au pied de la colline du Verduron au nord-ouest de Marseille, cette cité, avec sa vue sur la mer, est une véritable ville dans la ville avec près de 6 000 habitants. Construite au début des années 70, elle répond à un double objectif : loger les populations immigrées venues travailler en France et en finir avec les bidonvilles disséminés un peu partout dans la ville.
Dans les années 80, l’idéal de mixité sociale s’effrite et les classes moyennes désertent la Castellane comme le reste des quartiers Nord. Le chômage, la précarité et le retrait progressif des services publics changent peu à peu le visage de la cité qui devient dans les années 2000 un haut lieu du trafic de drogue.
Sa situation géographique, implantée à proximité des autoroutes A55 et A7, va permettre au trafic de s'y développer. "Aujourd'hui, la Castellane est devenue un lieu métropolitain. Il y a deux autoroutes à proximité, ce qui permet de venir facilement de Vitrolles, d'Aix-en-Provence ou même du centre-ville de Marseille pour y faire ses affaires", décrypte le sociologue Michel Peraldi.
À cette accessibilité s'ajoute une architecture particulière qui vaut rapidement à la cité le surnom de "citadelle imprenable" par les policiers. Sa dizaine de barres d’immeuble, ses multiples coursives et ses innombrables coins et recoins font de la Castellane un véritable labyrinthe. "Le jeu du chat et de la souris entre les trafiquants et les policiers est vraiment déséquilibré parce que c'est d'une simplicité incroyable pour les dealers, et c'est ce qui fait qu'ils ont été assez intouchables pendant très longtemps", décrit Romain Capdepon, journaliste à La Provence.
Début 2012, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, cible le trafic de drogue de la Castellane pour en faire un exemple de sa lutte contre le trafic. L'enquête peut commencer et plusieurs renseignements anonymes met les enquêteurs sur la piste d'appartements nourrices, preuve qu'un trafic d'ampleur se déroule bien au cœur de cette cité. "Il y a eu une première affaire fin mai 2012 où nous avons mis la main sur 3 kilos de résine de cannabis, du matériel de conditionnement, des armes, des cartouches, etc. Le 1 juillet 2012, nous avons trouvé 78 kilos de résine de cannabis dans un autre lieu. Et en octobre 2012, nous avons trouvé 17 kilos de résine de cannabis, un pistolet automatique et des cartouches", se souvient Pierre-Marie Bourniquel, ancien directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône.
Fin 2012, l'enquête est confiée à la police judiciaire de Marseille à travers les groupes "cité" nouvellement mis en place dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. C'est le début d'une enquête hors norme pour faire tomber les principaux caïds du réseau de la Tour K.
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Écrit et raconté par : Eric Miguet et Jean-Guillaume Bayard.
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Saison 3 - "Opération château" à la Castellane (1/6)
Dans ce premier épisode de la troisième saison, Cartel Nord livre un récit presque minuté de la journée du 17 juin 2013 où un impressionnant coup de filet policier a permis d'interpeller plus d'une vingtaine de membres du réseau de trafic de drogue de la tour K à la cité de la Castellane, dont le boss du plan stup'.
Dès 5h du matin, près de 250 policiers du Raid, des CRS et des enquêteurs de la police judiciaire sont réunis sur le parking du Leroy Merlin à Plan de Campagne, au nord de Marseille. Un dispositif gigantesque et atypique : la majorité des policiers présents n'étaient pas au courant des objectifs du jour pour éviter les risques de fuite. "C'était la première fois qu'on faisait ce genre d'opérations d'envergure", insiste Karine Sabourin, alors juge d'instruction au tribunal judiciaire de Marseille.
À 6h du matin, le convoi long de 2 kilomètres arrive à la cité pour mener à bien la mission baptisée "Opération château". "L'objectif, c'est la strate supérieure, les gestionnaires, les ravitailleurs, les trésoriers et puis les logisticiens, le lieutenant et le chef suprême", révèle Karine Sabourin. Après avoir quadrillé la cité, les perquisitions commencent.
Parmi elles, il y en a une qui est particulièrement suivie : celle visant la tête de réseau présumée du réseau de narcotrafiquants. Une opération à haut risque confiée aux équipes du Raid. "Cette personne-là avait échappé à un homicide quelques mois auparavant donc on savait qu'il était très méfiant. Il avait peur pour sa vie et il pouvait être armé donc, à partir de là, il y a plusieurs indicateurs et signaux qui nous disent qu'il faut mettre une équipe dédiée", justifie Sébastien Lautard, commissaire divisionnaire et ancien chef de la division stupéfiant de la police judiciaire de Marseille.
Aux alentours de 7h, les principales cibles, dont le chef présumé, sont interpellées et aucun incident majeur n'est signalé. Un calme trompeur. Dans les escaliers de la Tour K, subitement, Choc, le chien stup’ de la police judiciaire, renifle quelque chose. Dans la foulée, deux sacs de sport sont jetés depuis le 13ème étage. Au pied de la tour, c’est la stupeur pour les policiers. Les sacs sont remplis de billets en petites coupures pour un total de 274 000 euros. Une somme impressionnante, pourtant loin du reste des découvertes de la journée. "En tout, on a saisi 1,3 million d'euros. Je crois que c'est la plus grosse prise de toutes les affaires de stups faite en une fois", révèle Karine Sabourin.
Au-delà de ce butin, les perquisitions ont permis aux enquêteurs de mettre la main sur un trésor bien plus précieux : des centaines de feuilles de compte permettant de comprendre en profondeur le fonctionnement interne du réseau de la tour K. "C'est une merveille. La comptabilité du trafic, c'est un truc extraordinaire parce qu'alors on avait des lignes de comptes dignes d'une véritable entreprise", abonde la juge d'instruction.
Vers midi, les perquisitions sont terminées pour la police judiciaire. Au total, 23 personnes sont interpellées, 1,3 million d'euros, 1,6 kg de cannabis, 4 armes et près de 800 feuilles de compte sont saisis à la cité de la Castellane. Cette opération policière d'envergure est le résultat d’une enquête hors norme menée en secret pendant plus d’un an pour démanteler le plus grand réseau de narcotrafiquants de la région marseillaise, voire de France : le réseau de la tour K.
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Saison 3 - La Tour K sur écoute (3/6)
Dans ce troisième épisode de la troisième saison, Cartel Nord raconte de l'intérieur l'incroyable enquête de la police judiciaire pour démanteler de la tête aux pieds le réseau de trafic de drogue en place à la cité de la Castellane.
Entre le 29 mai et le 22 novembre 2012, l’enquête démarre avec une série de renseignements anonymes qui révèle l'organisation et le nom des principaux gérants du réseau. A partir de ces informations, l'investigation passe un cap pour connaître et comprendre le rôle des trafiquants de la Tour K.
Pour cela, les policiers utilisent la "technique de l'entonnoir", analyse Karine Sabourin, juge d’instruction au tribunal judiciaire de Marseille. L'objectif est de récolter un "faisceau d'indices" pour apporter la preuve de l'implication de chacun. Photographies, surveillances physiques, balisages des véhicules... Sans se faire repérer, les policiers utilisent toutes les techniques d’enquête pour épier les moindre faits et gestes des trafiquants.
Outre ces méthodes traditionnelles, les enquêteurs n'hésitent pas à tenter des approches inédites pour échapper à la vigilance de la vingtaine de guetteurs du réseau, installés aux quatre coins de la cité. "Pour arriver à faire des surveillances à l'intérieur de la Castellane, les policiers se faisaient passer pour des électriciens, ils étaient quillés sur des pylônes, pour installer des caméras en toute discrétion", révèle l'avocat Philippe Vouland. Autre technique originale, les policiers ont utilisé un hélicoptère pour cartographier le réseau et mieux comprendre son organisation.
Fin décembre 2012, au terme des premières semaines d’enquête sur le terrain, les policiers ont désormais une lecture assez claire du fonctionnement du réseau, décrit dans un procès-verbal de la PJ de Marseille que nous nous sommes procurés. "Celui-ci est ouvert 7j/7, de 11h à 00h. Il y aurait environ une soixantaine de personnes qui travailleraient pour faire "tourner" ce plan. Les guetteurs et vendeurs seraient équipés d'oreillettes pour correspondre entre eux, ainsi que de brouilleurs de téléphones portable."
En parallèle de ce travail de terrain, l'investigation se base aussi sur la mise en place d'une impressionnante toile d’écoutes téléphoniques. Au total, une centaine de lignes appartenant à une trentaine de membres du réseau sont mises sur écoute. "A l'époque, il n'y avait pas de réseaux sociaux ou de PGP pour crypter les conversations, replace le commissaire divisionnaire Sébastien Lautard, chef de la division stupéfiant de la police judiciaire de Marseille. Il y avait à peine le BlackBerry Messenger, mais c'était principalement utilisé par les trafiquants internationaux. Les personnes avaient besoin de s'appeler, de se parler et de communiquer."
Après ces premières avancées et découvertes, au printemps, un évènement inattendu menace de mettre en péril l’enquête policière. En plein cœur de la cité, une tentative de règlement de compte vise la tête du réseau de la Tour K.
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