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Goodpods has curated a list of the 10 best Bookmakers episodes, ranked by the number of listens and likes each episode have garnered from our listeners. If you are listening to Bookmakers for the first time, there's no better place to start than with one of these standout episodes. If you are a fan of the show, vote for your favorite Bookmakers episode by adding your comments to the episode page.
Lydie Salvayre (2/3)
Bookmakers
11/17/21 • 32 min
Bookmakers #14 - L’écrivaine du mois : Lydie Salvayre
Née en 1948, Lydie Salvayre vit et écrit dans un village du Gard où se trouve un châtaigner sous lequel elle aime « refaire le monde et dire des bêtises pendant des heures entre copains ». Sacrée du Goncourt en 2014 pour « Pas pleurer » (Le Seuil), cette ancienne psychiatre a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels « La compagnie des spectres » (1997, prix Novembre, diatribe éruptive contre les saloperies du régime de Vichy, vendu à 85 000 exemplaires) ou le bouleversant « Marcher jusqu’au soir » (Stock, 2017), récit de sa nuit devant « L’Homme qui marche » de Giacometti, prétexte au dévoilement de l’ombre inexpliquée de toute sa bibliographie : son père. À la rentrée 2021, elle a publié « Rêver debout », ode à « l’insurrection permanente » de Don Quichotte. Pour elle, « écrire sans colère ou révolte est inconcevable ».
En partenariat avec Babelio.
(2/3) Remise de médaille
Dans « Rêver debout », son dernier livre écrit « en un mois et demi » et sorti à la rentrée aux éditions du Seuil, Lydie Salvayre déclare sa flamme à l’auteur espagnol de « Don Quichotte », saluant au passage la façon dont Cervantès « règle leur compte à tous ces écrivains qui débitent des livres comme si c’était des beignets (...) balayant d’un même coup de torchon (...) les littérateurs fielleux qui n’excellent que lorsqu’ils découvrent les défauts des autres (...), les faiseurs de rimailles qui sucrent leurs poèmes de pétales de rose, d’aurores nimbées d’or, de tendres oisillons et autres mièvreries de la même mélasse (...) et très spécialement les écrivains qui, pour fournir un peu de densité au néant de leurs pages, les tartinent d’Écriture sainte. »
Lydie convie ensuite d’autres moulins à vent au bal des imposteurs, raillant par exemple « les auteurs révoltés quémandeurs de bourses d’État, les biographes fouille-poubelles, les habiles qui romancent le malheur des autres pour attendrir le cœur de leur clientèle nantie » ou encore « les belles âmes qui font leur miel d’un fait divers bien saignant ». Avec cette élégante précaution : « Je préfère ne pas allonger la liste, de peur de m’y retrouver. »
Mais alors, qu’a-t-elle écrit, parmi plus d’une vingtaine d’ouvrages en trois décennies de publications ? Elle qui compose ses romans... calfeutrée dans son lit ? Elle qui ne rouvre jamais ses bouquins une fois terminés ? Dans le désordre, car Salvayre aime ça : une farce cruelle exceptionnelle, « La Médaille », qui dénonce les mécanismes de domination d’un patronat post-orwellien ; un « Hymne » à la musique « brûlante » et au « désir de bataille » de Jimi Hendrix ; un délicieux « Petit traité d’éducation lubrique » destiné à instruire « les analphabètes du sexe » ; ou encore « Famille », huis clos meurtrier de 39 pages sur un grand garçon parano coincé entre des parents rudes et les chaînes d’info en continu, dont une première version fut publiée en 2002 et qui vient de reparaître aux éditions Tristam.
Sellons nos ânes et nos chevaux. Dans ce deuxième épisode, l’Ingénieuse fille d’Hidalgos entraîne encore, à 73 ans, nos âmes au combat.
Claude Ponti (1/3)
Bookmakers
02/17/22 • 51 min
Bookmakers #16 - L'écrivain du mois : Claude Ponti
Claude Ponti est né en 1948 à Lunéville (Lorraine). C’est l’un des souverains pontifes de la littérature jeunesse, avec 8,6 millions de livres vendus en France depuis 1986, parfois traduits en italien, en roumain, en japonais ou en chinois. Un dessinateur-auteur culte, occasionnellement dramaturge et romancier, avec plus de 80 ouvrages publiés pour l’essentiel à L’École des Loisirs, dont les incontournables « Okilélé », « Pétronille et ses 120 petits » ou encore « Blaise et le château d’Anne Hiversère ».
Chéri par deux générations de lectrices et lecteurs de toutes tailles, l’art poétique de Claude Ponti fait le pont entre deux rives. D’un côté, le pays du dessin merveilleux – via ses flaques magiques, ses îles touffues et ses arbres sans fin, peuplés de monstres et de petites créatures angoissées mais intrépides. De l’autre, la contrée du langage réinventé, dans la lignée de Lewis Carroll, avec des bagages entiers de mots-valises ou de néologismes éclapatouillants.
En partenariat avec Babelio.
(1/3) Le poussin démasqué !
Sonnons le début de la récré. Quittons Paris, direction la Sarthe et la vallée du Loir, jusqu’à la maison bordée de tilleuls de Claude Ponti. Dans ce premier épisode, le papa rigolmarrant de Tromboline et Foulbazar, de la courageuse Pétronille, du malheureux Okilélé ou du facétieux Blaise le poussin masqué se démasque dans l’intimité de son atelier. Comment ce jeune Vosgien, fils d’une institutrice et d’un ouvrier, a-t-il réussi à survivre à une enfance désastreuse, marquée par l’inceste, la violence et le déni de sa souffrance ? Quel événement a incité ce passionné de psychanalyse, qui se rêvait peintre « maudit », à enchanter les imaginaires ? À quelle heure s’activent les rouages de son cerveau incroyabilicieux ?
Détail inventif : lorsque nous cherchons comment stabiliser notre micro sur sa table à dessin, le créateur du génial « Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer » (2008) nous souffle de planter celui-ci dans son pot de pinceaux. C’est parti ! Bookmakers fout l’bazar chez Claude Ponti !
Céline Minard (1/3)
Bookmakers
05/17/23 • 44 min
Bookmakers #24 - L'autrice du mois : Céline Minard
Née à Rouen en 1969, Céline Minard a étudié la philosophie et travaillé en librairie avant d’arpenter, dès 2004, les sentiers les plus aventureux de la fiction francophone contemporaine. Cette fine lectrice du « Quichotte » est révélée par la critique avec « Le Dernier Monde », monologue métaphysique et burlesque de l’ultime habitant de la Terre (Denoël, 2007). Depuis, elle honore le crédo d’une « littérature transgenre », avec notamment « Bastard Battle », bataille médiévale teintée de manga (mention spéciale du prix Wepler, Léo Scheer, 2008), le western « Faillir être flingué » (prix du Livre Inter, vendu à 100 000 exemplaires, Rivages, 2014) ou les nouvelles S.-F. de « Plasmas » (grand prix de l’Imaginaire, Rivages, 2022). Céline Minard vit et écrit aujourd’hui dans le massif des Corbières.
Céline Minard (1/3)
Dans « So long, Luise » (Rivages, 2011), Céline Minard rédige le testament d’une écrivaine qui ne jure que par « la marche, la marche, le mouvement ». Son héroïne s’étonne que des journalistes « de plus en plus savants et retors » viennent tenter de lui tirer les vers du nez à propos de sa prose, sa ponctuation, et tout ce qu’elle nomme « ses ustensiles de cuisine ». Elle note pour la postérité les trois questions les plus paresseuses de n’importe quelle interview littéraire : « 1°) Vous vous documentez beaucoup ? 2°) C’est autobiographique ? 3°) Vous avez mis longtemps à l’écrire ? »
Nous avons donc redoublé de souplesse à l’heure d’avancer en terrain Minard. « J’adore l’exigence de la narration, la solidité qu’elle requiert. C’est le monde des possibles, la permission absolue. Une expérience de liberté, une vie de plus, dérobée. On est tous des menteurs, des imposteurs, des gosses ébahis avec des yeux comme des soucoupes ! », dit avec entrain celle dont l’œuvre – née d’un accident de rollers – démarre avec le très confidentiel « R. » (Comp’Act, 2004), journal des rêveries d’un promeneur pas tout à fait solitaire, qui traverse les Alpes dans les pas de Jean-Jacques Rousseau.
Suivra une douzaine d’ouvrages souvent exigeants, oui, mais drôles, et rigoureusement stimulants sur le plan conceptuel. Un univers hétéroclite, peuplé de braqueuses excentriques, de papesse vengeresse, ou de chevaux génétiquement modifiés. Mais comment tout a commencé pour cette disciple en audace de François Villon ou de l’Allemand Arno Schmidt ? Comment s'inspire-t-elle de « la rue, la lumière sur une feuille ou dans un bol de thé, et les trente-six mille formes du vivant » ? Pour le savoir, tous et toutes en rando derrière Céline Minard !
Enregistrements : mars 23 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Montage : Mathilde Guermonprez - Prise de son, réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Lectures : Emma Bouvier, Samuel Hirsch, Richard Gaitet - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Clarisse Le Gardien - Production : ARTE Radio - Samuel HirschCéline Minard (2/3)
Bookmakers
05/17/23 • 43 min
Bookmakers #24 - L'autrice du mois : Céline Minard
Née à Rouen en 1969, Céline Minard a étudié la philosophie et travaillé en librairie avant d’arpenter, dès 2004, les sentiers les plus aventureux de la fiction francophone contemporaine. Cette fine lectrice du « Quichotte » est révélée par la critique avec « Le Dernier Monde », monologue métaphysique et burlesque de l’ultime habitant de la Terre (Denoël, 2007). Depuis, elle honore le crédo d’une « littérature transgenre », avec notamment « Bastard Battle », bataille médiévale teintée de manga (mention spéciale du prix Wepler, Léo Scheer, 2008), le western « Faillir être flingué » (prix du Livre Inter, vendu à 100 000 exemplaires, Rivages, 2014) ou les nouvelles S.-F. de « Plasmas » (grand prix de l’Imaginaire, Rivages, 2022). Céline Minard vit et écrit aujourd’hui dans le massif des Corbières.
Céline Minard (2/3)
Chaque roman est pour Céline Minard l’occasion d’inventer « une nouvelle cabane ». Celle qui la fit connaître se passe de gravité. Dans « Le Dernier monde » (Denoël, 2007), un astronaute américain découvre un peu tard, du haut de sa station orbitale, qu’il est l’ultime représentant de l’humanité. Revenu sur Terre, il entreprend d’explorer le globe à la rencontre des animaux qui, eux, ont survécu à la catastrophe – dont « cinquante-neuf mille têtes de porcs » qu’il essaie de gouverner. Sur 500 pages, cette démonstration de métaphysique postapocalyptique aux accents burlesques force le respect – et, avec le temps, finit par s’écouler à 15 000 exemplaires.
Critiques et libraires s’interrogent alors sur cette autrice parisienne planquée à Ménilmontant, qui cite parmi ses influences une internationale de francs-tireurs : Faulkner, Borges, Duras, Michaux ou Elfriede Jelinek. « Tous les grands textes, dit-elle, sont ceux qui, bien que clos et achevés, regorgent d’ambiguïtés et de contradictions qui continuent de bouger dans leur espace, de creuser des passages inédits dans la tête des lecteurs. Je veux lire des choses pas possibles qui se posent comme une évidence. »
Son premier public sera – positivement – désarçonné l’année suivante par le très court « Bastard Battle » (Léo Scheer, 2008), bataille médiévale rédigée en faux vieux français et contaminée par sa lecture compulsive de... mangas, qui lui vaut de recevoir la mention spéciale du prix Wepler. Une distinction symbolique, qui pesa sans doute dans l’obtention d’une résidence d’un an au sein d’une charmante cabane entourée de pins parasols : la Villa Médicis, à Rome. Sonnant ainsi le glas d’une précarité économique, que la romancière évoque sans détours dans ce deuxième épisode.
Enregistrements : mars 23 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Montage : Mathilde Guermonprez - Prise de son, réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Lectures : Emma Bouvier, Samuel Hirsch, Richard Gaitet - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Clarisse Le Gardien - Production : ARTE Radio - Samuel HirschBookmakers : la collection de livres
Bookmakers
12/11/23 • 0 min
Le podcast ARTE est devenu une collection de livres. Richard Gaitet interroge les meilleures autrices et les meilleurs auteurs sur leurs secrets d'écriture. Après Nicolas Mathieu et Alice Zeniter, c'est au tour de Maria Pourchet. En janvier 2024, Hervé le Tellier complètera la collection.
Une coédition ARTE Éditions / Points.
Maria Pourchet
«Mon premier livre serait comme le dessin du cygne qui, dans la fable, fut travaillé des années avant d’être offert à un empereur japonais. Il faut que le geste soit sûr. »
Que trouve-t-on sous la plume de Maria Pourchet ? Pourquoi a-t-elle attendu d’avoir trente ans pour se mettre à écrire – alors qu’elle était sûre de sa vocation dès le CE1 ? Quel déclic doit-elle à Romain Gary ? Comment la langue est-elle devenue « un pote » ? Dans ce dialogue franc du collier, celle qui écrit « comme on gueule » raconte tout, ou presque : son enfance vosgienne « saturée » de livres, son admiration pour Pierre Michon, Achille Talon, Daniel Balavoine ou Les Valseuses, son art mordant de la punchline et, très en détails, la fabrication de ses premiers romans, d’Avancer (2012) au succès de Feu (2021).
Une conversation lucide et incandescente avec l’une des révélations de la scène littéraire contemporaine.
11,90€ - 128 pages. Toutes les infos sur le livre / sur le podcast.
Alice Zeniter
L’art littéraire d’Alice Zeniter, de A à Z. Remarquée en CE2 par une autrice confirmée, publiant son premier livre à seize ans, cette romancière, dramaturge, metteuse en scène, traductrice et scénariste s’est imposée comme l’une des voix les plus stimulantes du paysage francophone.
Aux Hébrides ou en Hongrie, au plus près des affects d’une hackeuse, d’anciens harkis ou d’une femme de ménage, les histoires d’Alice Zeniter interpellent, en sa qualité de membre honoraire de ce club d’écrivain·e·s qui refusent d’écrire toujours le même livre. Mais comment cette amoureuse éperdue des enquêtes de Sherlock Holmes travaille-t-elle au quotidien ? De quelle façon sa pratique du théâtre influence-t-elle sa prose ? Comment surmonter ses doutes quand on se trouve « écrasée par l’ampleur de ses sujets » ? Et qu’est-ce que « la stratégie de la semoule » ?
Un dialogue didactique, plein d’humour et de modestie, sur la fabrique de l’écriture.
10,90€ - 144 pages. Toutes les infos sur le livre / sur le podcast.
Nicolas Mathieu
Comment écrire sans trahir le milieu d’où l’on vient ? De sa première rédac’ au Goncourt reçu à 40 ans pour Leurs enfants après eux, en passant par ses « chocs » en
lisant Céline, Manchette ou Annie Ernaux, Nicolas Mathieu revient sur la naissance de sa vocation, sa discipline quotidienne et les « coups » que la littérature « lui permet de rendre à la vie, qui nous en met plein la gueule » le temps d’une conversation précise et généreuse. Une plongée passionnante dans la fabrique et les mondes intérieurs du petit bleu des Vosges, devenu l’une des figures montantes du roman contemporain, dont la colère contre « les mensonges, le tout falsifié » reste l’un des carburants, et qui dit avec joie avoir appris davantage en matant Les Soprano qu’en étudiant Tolstoï.
10,90€ - 144 pages. Toutes les infos sur le livre / sur le podcast.
Bookmakers écoute les écrivain.e.s détailler leurs secrets d’écriture. C’est le récit d’un récit, les coulisses de fabrication d’un livre majeur dans la carrière d’un.e auteur.e, qui dévoile sa discipline, son rythme et ses méthodes de travail. C’est quoi, le style ? Comment construit-on une intrigue, un personnage ? Où faut-il couper ?
Chaque mois, Bookmakers écoute les plus grand.e.s écrivain.e.s d’aujourd’hui raconter, hors de toute promotion, l’étincelle initiale, les recherches, la discipline, les obstacles, le découragement, les coups de collier, la solitude, la première phrase, les relectures... mais aussi le rôle de l'éditeur, de l’argent, la réception critique et publique, le regard sur le texte des années plus tard.
Animé par Richard Gaitet, écrivain et homme de radio, le podcast Bookma...
André Markowicz (3/3)
Bookmakers
12/13/23 • 44 min
Bookmakers #27 - L'auteur du mois : André Markowicz
Né à Prague en 1960, André Markowicz a traduit « tout » Dostoïevski, c’est-à-dire les romans et nouvelles en quarante-cinq volumes de l’auteur des « Frères Karamazov » (Actes Sud). Il est aussi, avec l’aide inestimable de Françoise Morvan, le traducteur du théâtre complet d’Anton Tchekhov ou de Nicolas Gogol. Ou encore l’oreille précieuse qui mit près de vingt-cinq ans à restituer les 6500 vers d’« Eugène Onéguine » d’Alexandre Pouchkine. Tout ceci, parmi plus de 150 ouvrages depuis 1981, traduits du russe, de l’anglais, du latin ou du breton, aux éditions Mesures, Inculte ou José Corti. Il vit et travaille à Rennes.
André Markowicz (3/3)
Un traducteur est un auteur. André Markowicz le prouve chaque jour depuis quarante ans, d’un pays à l’autre, d’une forme à l’autre – y compris quand il s’échine à chercher le ton juste d’un personnage... dans une simple blague juive. Parmi les cent cinquante livres que compte sa bibliographie, on lui doit 14 pièces de Shakespeare aux éditions Les Solitaires Intempestifs, 401 poèmes chinois du VIIIe siècle (dans son chantier le plus fou : « Ombres de Chine », aux éditions Inculte) ou encore une nouvelle version du chef-d’œuvre de Mikhail Boulgakov, « Le Maître et Marguerite », traduit avec Françoise Morvan, toujours aux éditions Inculte – ce qu’il décrit parfois comme « l’aboutissement de tout son travail de traducteur de la littérature russe ».
Mais ces ouvrages, composés avec la même fièvre de partage, ne doivent pas occulter les milliers de pages signées par Markowicz en solo. Ce maître en métrique est l’auteur de quatre recueils de poèmes quasi confidentiels (« Figures », « Herem »), d’un récit autobiographique en vers et sans point, à lire d’un seul souffle, sur l’appartement de sa grand-mère (« L’Appartement », Inculte). D’un sidérant journal public tenu depuis dix ans sur Facebook, à raison d’une chronique tous les deux jours, matière première des épais volumes de sa série « Partages » qui paraît maintenant chez Mesures, maison d’édition indépendante qu’il a créée avec Françoise Morvan. Ou récemment d’un tout petit essai géopolitique et littéraire, intitulé « Et si l’Ukraine libérait la Russie ? » (Le Seuil), vendu à dix mille exemplaires.
Tels sont certains des sujets évoqués dans la toundra de ce troisième et dernier épisode, en compagnie d’un homme qui s’est longtemps senti « gêné, comme empêché d’écrire ». Un créateur qui ne traduit que des morts. Et qui, étrangement, ne semble pas plus inquiet que ça face à l’invasion des intelligences artificielles. Auquel on ne peut que souhaiter, en citant sa traduction du tout dernier poème de Vladimir Maïakovski, qu’il n’ait jamais « la honte de devenir raisonnable ».
Enregistrement : octobre 2023 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Mathilde Guermonprez - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Lectures : Sabine Zovighian, Perrine Kervran, Mina Souchon - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Samuel HirschPierre Jourde (3/3)
Bookmakers
03/19/21 • 39 min
Bookmakers #10 - L’écrivain du mois : Pierre Jourde
Né à Créteil en 1955, Pierre Jourde vit et travaille à Paris. Romancier « complexe », poète aux haïkus « tout foutus », théoricien du « double » ou de « l’authenticité », ce rigoureux professeur de lettres n’est que « secondairement », dit-il, le critique impitoyable que Saint-Germain-des-Prés découvrit avec l’essai « La littérature sans estomac » (L’Esprit des Péninsules, 2002) récompensé par l’Académie Française.
Sa reconnaissance fut aussi tardive que l’œuvre est prolifique. Pour se mettre en jambes, on lira d’abord son récit burlesque d’alpinisme amateur, « Le Tibet sans peine » (Gallimard, 2008), avant d’attaquer « Pays perdu » (L’Esprit des Péninsules, 2003, récit intime de son Auvergne « épique »), suivi du compte-rendu de la violente réception de ce texte, formulé dans « La première pierre » (Gallimard, Grand-Prix Jean Giono 2013). Les plus vaillant.e.s chemineront ensuite vers le déchirant « Winter is coming » (2017, ode au fils disparu) ou la somme de toutes ses obsessions : « Le Maréchal absolu » (2012).
En partenariat avec Babelio.
(3/3) Absolutely Maréchalous
« Je n’ai pas voulu être aimé. J’ai voulu être craint, jalousé, admiré. J’ai voulu étonner. Mais qu’est-ce qui va rester ? » La plupart des textes de Pierre Jourde sont fondés, en grande partie, sur la présence du mal, incarné par un personnage diabolique, inquiétant, monstrueux. Et l’empereur définitif de son enfer littéraire trône en majesté dans son roman « Le Maréchal Absolu », publié en 2012 chez Gallimard. Une fresque maboule de 728 pages sur l’ivresse du pouvoir et ses dérives totalitaires, posée sur les épaules grabataires du Maréchal Alessandro Y, occulte président à vie de la république imaginaire d’Hyrcasie, « croquemitaine clownesque recroquevillé dans son royaume microscopique », « un port et quatre kilomètres carrés d’une vieille cité de tourisme, de corruption et de prédation », assiégé par la rébellion, mélange mi-cocasse mi-coriace du Kadhafi final et du « Père Ubu » d’Alfred Jarry.
Empêtré dans un crépuscule grand-guignolesque, le tyran s’adresse à son dernier confident, le fidèle Manfred-Célestin, pour un monologue baroque et bouffon, un fleuve de paroles piégées, trouées par un savant pastiche de roman d’espionnage aux chausse-trappes permanents, constellé de sosies, de traîtres, de jumeaux et d’agents dormants. Pierre Jourde y accomplit la synthèse de ses recherches narratives et stylistiques, gorgée d’amples phrases précises et imagées, qui n’excluent pas des envolées pleines de gouaille qu’on croirait tirées des comédies de Bertrand Blier.Ce pari « absurde », si rare, est le résultat de dix-sept années de travail et de plans sans cesse recommencés. Mais ce roman ne fut lu, à sa sortie, que par 3200 curieux. Penchons-nous malgré tout, dans ce troisième et dernier épisode, sur l’obstination de ce « polygraphe fou », avant d’évoquer un livre d’une terrible tristesse : « Winter is coming » (Gallimard, 2017), bouleversant récit des onze derniers mois de son fils Gabriel, mort à vingt ans d’un cancer extrêmement rare. Dans l’un des derniers souvenirs rapportés, Pierre Jourde écrit : « Tu dors tranquille dans le hamac, le vent parfumé se glisse dans tes boucles. Tu agites la main derrière nous, avant de rentrer avec ta tante dans l’ombre de la maison. »
Hervé Le Tellier (1/3)
Bookmakers
09/15/21 • 47 min
Bookmakers #13 - L’écrivain du mois : Hervé Le Tellier
Né à Paris en 1957 sous un nom qu’il préfère garder pour lui, Hervé Le Tellier est l’auteur prolifique et « disparate » de trente-huit livres (romans, poésie, théâtre) publiés au Castor Astral, chez JC Lattès ou aux éditions Gallimard. Lauréat du Goncourt et best-seller surprise de l’année 2020 avec « L’Anomalie », cet ex-journaliste scientifique fut de 1991 à 2018 le « Papou » le plus facétieux de France Culture – tout en étant depuis trente ans membre émérite de l’OuLiPo, sémillant cénacle d’ingénieurs du verbe dont il préside aujourd’hui les assemblées généreuses en contraintes créatives.
En sus des ouvrages décortiqués dans ces trois épisodes de Bookmakers, citons ses « Contes liquides » publiés aux éditions de L’Attente et lauréats d’un prix de l’humour noir en 2013, qui rassemblent 80 rituels étranges venus de contrées imaginaires et signés d’un mystérieux « Jaime Montestrela », poète lisboète inventé de toutes pièces dont Hervé traduisit les œuvres – alors que Le Tellier, selon nos informations, ne parle pas du tout portugais.
En partenariat avec Babelio.
(1/3) Un sourire indéfinissable
Que savons-nous d’Hervé Le Tellier ? Je me souviens de ses 233 points de vue sur la Joconde – celui du médecin, d’un amateur de puzzle, de Lacan ou de Marguerite Duras – écrits pour les besoins de son ouvrage « Joconde jusqu’à cent et plus si affinités ». Je me souviens de 115 « dialogues socratiques de qualité » entre un maître et son disciple relativement idiot, regroupés dans le très zen « Demande au muet ». Je me souviens d’une liste de 40 véritables souvenirs amoureux, offerts à une ancienne amante le jour de ses 40 ans, insérés dans son roman « Assez parlé d’amour » qui s’écoula à vingt-six mille exemplaires. Je me souviens aussi de sa passion pour « Je me souviens » de Georges Perec, tout comme je me souviens de sa fausse correspondance avec 4 présidents de la République, révélée au grand jour dans « Moi et François Mitterrand ». Je me souviens enfin du Goncourt obtenu en 2020 pour « L’Anomalie », ses 40 traductions et son million d’exemplaires vendus, qui bouleversa un peu l’existence de ce romancier, poète et dramaturge parisien de 64 ans.
Mais quelle est l’origine, l’abscisse et l’ordonnée de cet ancien professeur de mathématiques ? Quels auteurs consolèrent l’enfant seul que vingt mille lecteurs découvrirent dans son émouvant récit autobiographique, « Toutes les familles heureuses » ? A-t-il réellement assuré la sécurité du groupe The Clash ? Ce sont quelques-uns des sujets mis en équation dans ce premier épisode, avec l’humour en exposant.
Enregistrements : juin-juillet 2021 - Entretien, découpage : Richard Gaitet - Lectures : Chloé Assous-Plunian, Richard Gaitet, Silvain Gire, Delphine Saltel - Montage : Sara Monimart - Prise de son, réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch, Charlie Marcelet - Guitare & claviers : Zeid Hamdan - Illustration : Sylvain Cabot - Production : ARTE Radio - Musiques originales : Samuel Hirsch, Charlie MarceletMohamed Mbougar Sarr (3/3)
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09/15/22 • 51 min
Bookmakers #20 - L’auteur du mois : Mohamed Mbougar Sarr
Né à Dakar en 1990, Mohamed Mbougar Sarr est devenu – en 2021 et à 31 ans – le premier écrivain d’Afrique subsaharienne consacré par le plus prestigieux des prix littéraires français, le Goncourt, pour « La plus secrète mémoire des hommes », enquête au long cours et labyrinthe narratif enivrant, inspiré par le destin tragique du Malien Yambo Ouologuem (éditions Jimsaan / Philippe Rey). Mais avant le succès, ce wonderboy des lettres africaines était déjà l’auteur de trois romans diablement maîtrisés, aux sujets casse-gueule : « Terre ceinte » (2015, sur les milices djihadistes), « Silence du chœur » (2017, sur l’accueil de 72 migrants en Sicile) et « De purs hommes » (2018, sur l’homophobie au Sénégal). Il vit et travaille aujourd'hui à Beauvais (Oise).
En partenariat avec Babelio.
Sa mémoire n’est plus un secret (3/3)
« Je vais te donner un conseil : n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant tout y est. » Dans « La plus secrète mémoire des hommes », un jeune écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye, « doctorant fainéant écrasé par ses modèles », découvre à Paris, à la faveur d’une rencontre érotique, un roman légendaire « qui tient de la cathédrale et de l’arène ». Ce livre dans le livre s’intitule « Le Labyrinthe de l’inhumain », signé dans les années 30 par l’énigmatique T. C. Elimane qui, vite épuisé par les scandales que son chef-d’œuvre suscite, choisit d’arrêter d’écrire puis de « s’enfoncer dans la nuit » en disparaissant, purement mais pas du tout simplement. D’Amsterdam à Buenos Aires, de Dakar à Saint-Germain-des-Prés, Diégane mène l’enquête – quitte à se perdre dans une toile d’araignée existentielle. À charge pour lui « d’élucider » le secret de la comète Elimane, accusé de plagiat.
Conjointement publié à la rentrée 2021 par deux éditeurs indépendants, les Sénégalais de Jimsaan et le Français Philippe Rey, ce roman d’initiation de 500 pages rédigées sans plan, d’une originalité folle, héritier des dédales de Borges, Gombrowicz ou Bolaño (auquel il emprunte son titre), convoque plusieurs genres : « la geste griotique, le récit historique, le rapport ethnologique, mêlés dans un plaisir très gourmand de la narration ». Joyeux ou graves, pleins de mystique et d’ironie, les récits s’enchâssent, du journal intime aux articles universitaires, à coups de « frottements » ou de phrases qui courent parfois sur huit pages. Critiques et libraires sont unanimes. « La plus secrète mémoire des hommes » décroche le Goncourt et s’écoule à près de 500 000 exemplaires.
Gloire à Mbougar Sarr, dont l’art paraît déjà si sûr. Dans ce troisième et dernier épisode, écoutons l’auteur raviver sa mémoire, lui pour qui l’écrivain « est un navigateur du Temps », lui qui semble bien là pour durer.
Enregistrement : mai 22 - Texte, voix, entretien, découpage : Richard Gaitet - Prise de son, montage : Sara Monimart - Réalisation, mixage : Charlie Marcelet - Musiques originales : Samuel Hirsch - Illustration : Sylvain Cabot - Remerciements : Gloria Saltel, Clarisse Le Gardien - Production : ARTE Radio - Samuel HirschLola Lafon (1/3)
Bookmakers
12/16/20 • 40 min
Bookmakers #7 - L’écrivaine du mois : Lola Lafon
Née en 1974, Lola Lafon est l’autrice de six romans qui mettent en scène des trajectoires féminines singulières, en interrogeant la violence et les mensonges de la société à leur égard : « Une fièvre impossible à négocier » (2003), « De ça je me console » (2007), « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce » (2011), « La Petite Communiste qui ne souriait jamais » (2014), « Mercy, Mary, Patty » (2016) et « Chavirer » (2020), prix du roman des étudiants France Culture – Télérama.
En partenariat avec Babelio
(1/3) La tempête qui s’annonce
Six livres, deux albums de chansons et des spectacles, armés de convictions chevillées au corps. « Je suis féministe et ça ne me dérange pas qu'on le dise. Je préfère même anarcho-féministe, ça englobe tout ! », affirme avec joie l’autrice de « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce ». Loin de la « pauvreté du tract », ses écrits n’oublient pas d’offrir à ses lecteurs et lectrices, de plus en plus nombreux, le lyrisme du romanesque pour raconter les violences faites aux femmes, les poisons du capitalisme, le conformisme de la bourgeoisie et les luttes radicales que tout ceci impose. Il lui arrive de dédier ses romans « aux voleurs, aux étranger(e)s à tout, aux poètes roumains, aux pères inoubliables, aux mères sans passé couvertes de roses, aux enfants des morts sur les trottoirs, aux évadées, aux inrésumables, aux proclamés coupables, aux chiens affairés, aux femmes qui s’assoient en tailleur par terre même quand il y a des chaises ». Depuis la sortie en 2003 de son premier roman très énervé, toutes les « fièvres » de Lola Lafon, 46 ans, demeurent « impossibles à négocier ».
Mais quelle a été l’école de cette fille de deux professeur.e.s de lettres, qui aime aussi « les plantes, les vestes de survèt’ et les paillettes », le chant bouleversant de Jeff Buckley autant que les révoltes mexicaines du sous-commandant Marcos ? Que reste-t-il, dans son regard sur le monde, de son enfance roumaine ? Quelles leçons a-t-elle tiré, pour écrire, de son apprentissage rigoureux de la danse ? De tout ceci nous parlons, dans ce premier épisode, le temps d’un pas de deux.
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The first episode of Bookmakers was released on Mar 18, 2020.
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