
ÉP 54 : Stéréotypes sur les Arabes et/ou musulmans dans la pornographie - avec Tanguy DUFOURNET
09/02/21 • 40 min
Re-bonjour à toustes ! Cet épisode de JINS est corollaire à l’épisode précédent. Il était crucial pour moi, comme d’habitude, de ne pas adopter un point de vue uniquement hétérosexuel dans l’analyse nous ramène aussi à des problématiques de classe sociale, de race, de sociologie du travail et d’orientation sexuelle.
Les prédicateurs musulmans disent que la pornographie est la forme de zina (« la fornication ») la plus répandue aujourd'hui. Commettre la zina est une des choses les plus condamnées par la religion. Mais regarder un porno peut aussi entrer dans le terme de fahisha, un « acte honteux », comme rapporté dans la Sourate 7 verset 33 du Coran : « Dis : Les choses que mon Seigner a en effet interdites sont des actes honteux, qu’ils soient ouverts ou secrets ».
Bon, admettons que mater du porno, c’est interdit en islam. Pourtant, même si certains pays musulmans prohibent la pornographie, d’autres n’arrivent pas à juguler les flux énormes de vidéos en libre accès (notamment grâce aux VPN). D’aucuns distribuent même des DVDs piratés de porno. Les jeunes Saoudiens regardent du porno gay après minuit. Les Marocains en 2020 étaient dans le top 5 des visionneurs de contenus porno avec des personnes trans. Les Égyptiens raffolent des contenus vidéos lesbiens. Le Pakistan, la Malaisie, le Nigeria apparaissent en tête des pays qui réalisent le plus de recherches sur les mots « porno » et « porno gratuit ». La Turquie et l’Algérie dépassent la France dans consommation et dans la diversité de catégories pornographiques.
Mais aujourd'hui on va s’attarder sur les stéréotypes et les archétypes formés par les imaginaires pornographiques en France, et vous allez voir, ça vaut le détour pour mieux comprendre les enjeux de domination genrée, raciale et postcoloniale encore en 2021.
Pour cet épisode, j’ai le plaisir d’interroger Tanguy Dufournet. Tanguy est sociologue du travail. Il vient de soutenir sa thèse de doctorat intitulée « Le Travail pornographique gay : jouissance et aliénation » et de publier un article, en libre accès dans la revue « Recherches Sociologiques et Anthropologiques », intitulé « Performer pour durer : la beauté corporelle au prisme du travail pornographique gay ». Il est également enseignant à l’INSPÉ de Reims au sein de l’Université de Reims où il co-pilote l’ouverture d'un master, accessible partout en France et à l’international, nommé « Inégalités, Discriminations et Territoire » (IDT).
« L. » --- Tanguy Dufournet
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- Cultures pornographiques : Antholofie des porn studies (2015) de Florian Vörös
- Homo exoticus : race, classe et critique queer (2010) de Maxime Cervulle & Nick Rees-Roberts
- Les usages sociaux du film pornographique gay : la consommation de pornographie au prisme de l’homo/hétérosexualité (2008) de Florian Vörös
- Introduction aux porn studies (2014) de François-Ronan Dubois
- Gay porn (2002) de René-Paul Leraton
- Queer zones (2018) de Sam Bourcier
- Santé LGBT : les minorités de genre et de sexualité face aux soins (2020) – Arnaud Alessandrin, Gabrielle Richard, Anastasia Meidani, Marielle Toulze, Johanna Dagorn
- [Thèse] Dufournet T., 2021, Le travail pornographique gay : jouissance et aliénation - Pour une sociologie située du travail (homo-)sexuel des corps
- Séhili D., 2017, Pour une sociologie intersectionnelle du travail, Habilitation à diriger des recherches, Lyon, France, Université Lumière Lyon 2.
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- La Première marche (2016) de Hakim Atoui & Baptiste Etchegaray
- Le Soleil assassiné (2003) de Abdelkrim Bahloul
- Malik (2018) – court-métrage de Nathan Carli
- Homme au bain (2010) de Christophe Honoré
- Herculanum (2016) – d’Arthur Cahn
- Banlieue gay (2006) de Mario Morelli di Popolo
- Enter (2018) de Manuel Bili & Benjamin Bodi
- La Traction des pôles (2018) de Marine Levéel
- Jours de France (2016) de Jérôme Raybaud
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Re-bonjour à toustes ! Cet épisode de JINS est corollaire à l’épisode précédent. Il était crucial pour moi, comme d’habitude, de ne pas adopter un point de vue uniquement hétérosexuel dans l’analyse nous ramène aussi à des problématiques de classe sociale, de race, de sociologie du travail et d’orientation sexuelle.
Les prédicateurs musulmans disent que la pornographie est la forme de zina (« la fornication ») la plus répandue aujourd'hui. Commettre la zina est une des choses les plus condamnées par la religion. Mais regarder un porno peut aussi entrer dans le terme de fahisha, un « acte honteux », comme rapporté dans la Sourate 7 verset 33 du Coran : « Dis : Les choses que mon Seigner a en effet interdites sont des actes honteux, qu’ils soient ouverts ou secrets ».
Bon, admettons que mater du porno, c’est interdit en islam. Pourtant, même si certains pays musulmans prohibent la pornographie, d’autres n’arrivent pas à juguler les flux énormes de vidéos en libre accès (notamment grâce aux VPN). D’aucuns distribuent même des DVDs piratés de porno. Les jeunes Saoudiens regardent du porno gay après minuit. Les Marocains en 2020 étaient dans le top 5 des visionneurs de contenus porno avec des personnes trans. Les Égyptiens raffolent des contenus vidéos lesbiens. Le Pakistan, la Malaisie, le Nigeria apparaissent en tête des pays qui réalisent le plus de recherches sur les mots « porno » et « porno gratuit ». La Turquie et l’Algérie dépassent la France dans consommation et dans la diversité de catégories pornographiques.
Mais aujourd'hui on va s’attarder sur les stéréotypes et les archétypes formés par les imaginaires pornographiques en France, et vous allez voir, ça vaut le détour pour mieux comprendre les enjeux de domination genrée, raciale et postcoloniale encore en 2021.
Pour cet épisode, j’ai le plaisir d’interroger Tanguy Dufournet. Tanguy est sociologue du travail. Il vient de soutenir sa thèse de doctorat intitulée « Le Travail pornographique gay : jouissance et aliénation » et de publier un article, en libre accès dans la revue « Recherches Sociologiques et Anthropologiques », intitulé « Performer pour durer : la beauté corporelle au prisme du travail pornographique gay ». Il est également enseignant à l’INSPÉ de Reims au sein de l’Université de Reims où il co-pilote l’ouverture d'un master, accessible partout en France et à l’international, nommé « Inégalités, Discriminations et Territoire » (IDT).
« L. » --- Tanguy Dufournet
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- Cultures pornographiques : Antholofie des porn studies (2015) de Florian Vörös
- Homo exoticus : race, classe et critique queer (2010) de Maxime Cervulle & Nick Rees-Roberts
- Les usages sociaux du film pornographique gay : la consommation de pornographie au prisme de l’homo/hétérosexualité (2008) de Florian Vörös
- Introduction aux porn studies (2014) de François-Ronan Dubois
- Gay porn (2002) de René-Paul Leraton
- Queer zones (2018) de Sam Bourcier
- Santé LGBT : les minorités de genre et de sexualité face aux soins (2020) – Arnaud Alessandrin, Gabrielle Richard, Anastasia Meidani, Marielle Toulze, Johanna Dagorn
- [Thèse] Dufournet T., 2021, Le travail pornographique gay : jouissance et aliénation - Pour une sociologie située du travail (homo-)sexuel des corps
- Séhili D., 2017, Pour une sociologie intersectionnelle du travail, Habilitation à diriger des recherches, Lyon, France, Université Lumière Lyon 2.
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- La Première marche (2016) de Hakim Atoui & Baptiste Etchegaray
- Le Soleil assassiné (2003) de Abdelkrim Bahloul
- Malik (2018) – court-métrage de Nathan Carli
- Homme au bain (2010) de Christophe Honoré
- Herculanum (2016) – d’Arthur Cahn
- Banlieue gay (2006) de Mario Morelli di Popolo
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ÉP 53 : Vers une pornographie féministe et antiraciste - avec Olympe DE G.
Bonjour à toustes ! Bienvenue dans ce nouveau double épisode de JINS ; aujourd'hui c’est chaud, c’est hot, c’est skhoune, c’est caliente... on va parler de porno. Oui bien sûr, tout le monde regarde du porno sauf toi chère auditeur·ice. Mais oui, mais oui. Il y a 115 millions de visiteurs chaque jour uniquement sur PornHub. C’est le 8ème site le plus visité dans le monde. Dans les pays arabes comme en France, il est exploré par des millions de personnes en quête de plaisir. Surtout avec le confinement, les Français ont été très coquins : Marc Dorcel, Jacquie & Michel, YouPorn, PornHub et consorts ont vu leurs statistiques exploser. L’âge moyen en France des visiteurs est de 38 ans. Plus de 2/3 sont des hommes. La France est le 5ème pays le plus consommateur de porno. Et les Français adooooorent les vidéos sur les « beurettes ». Ils et elles sont de plus en plus excité.e.s par les scénarios en banlieue. La sexiness et le potentiel de séduction des hommes arabes est de plus en plus ouvertement admis.
Aujourd'hui, on va tenter de décortiquer une fois de plus les stéréotypes pour nuancer le propos. Alors, est-ce qu’un porno féministe ça existe vraiment ? Comment s’éloigner des représentations classiques du porno et arriver à un porno plus équitable en termes de contenus, dans un respect total de la femme ? Est-ce qu’il pourrait exister une pornographie pour les femmes musulmanes ?
Pour ce premier épisode du jour, j’accueille Olympe de G. Les féministes aguerries savent qu’une autre Olympe de G. a vécu il y a plus de 2 siècles. Elle est considérée comme la pionnière du féminisme français. Femme de lettres, elle est l’autrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et avait laissé de nombreux écrits en faveur de l’abolition de l’esclavage des Noirs. Évidemment, elle est morte guillotinée en 1793, exécutée par le patriarcat dominant. Héritière de ces principes universels, notre Olympe de G. moderne, elle, est autrice féministe, mais aussi réalisatrice. Elle a tourné plusieurs court-métrages et contenus vidéos à caractère érotique ou pornographique, notamment pour les productions d’Erika Lust, la célèbre pornographe féministe suédoise. Olympe de G. est notamment à l’initiative des contenus audios érotiques que l’on retrouve dans le podcast VOXXX.
« L. » --- Olympe de G.
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- Jouir est un sport de combat (2021) d’Olympe de G.
- Porn Valley (2018) de Laureen Ortiz
- Libres ! (2017) d’Ovidie & Diglee
- Sexpowerment (2016) de Camille Emmanuelle
- King-Kong Théorie (2006) de Virginie Despentes
- Le sexe selon Maïa : au-delà des idées reçues (2020) de Maïa Mazaurette
- Féminismes et pornographie (2017) de David Courbet
- Les usages sociaux du film pornographique gay : la consommation de pornographie au prisme de l’homo/hétérosexualité (2008) de Florian Vörös
- Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) d’Olympe de Gouges
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- Une Dernière fois (2020) d’Olympe de G.
- Don’t call me a dick (2017) d’Olympe de G.
- Hot girls wanted: turned on (2017) de Jill Bauer, Ronnad Gradus & Rashida Jones
- Les travailleu(r)euses du sexe (2010) de Jean-Michel Carré
- Viva la Vulva ! (2019) de Gabi Scheiger
- Libres ! (2019) d’Ovidie
- Vivante (2019) d’Anoushka
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ÉP 55 : Musulmane et féministe - avec Malika HAMIDI
Salam et bonjour à toustes ! Aujourd'hui, pour l’avant-dernier épisode de la saison, je voudrais en profiter pour graver les choses dans le marbre et surtout dans vos têtes. L’islam et le féminisme ne sont pas étanches l’un à l’autre. Avant l’avènement de l’islam, dans l’Arabie pré-islamique, les femmes n’avaient aucun statut juridique, aucun droit. Elles étaient victimes d’infanticides, elles étaient enterrées vivantes, données en mariage. L’avènement de l’islam élève la femme, lui donne un statut et une dignité. Il lui donne le droit à la parole politique, publique, à l’héritage, au témoignage, à des droits fondamentaux dans le cadre du mariage... Et ce, il y a 14 siècles déjà, quand d’autres régions du monde comme l’Europe faisaient subir des sorts abominables et ignominieux aux femmes. C’est après la mort du Prophète, grand adorateur des femmes qui l’entouraient, savantes et puissantes, que tout a volé en éclats. Les hommes au pouvoir, les mauvaises interprétations du Coran, les systèmes patriarcaux dominants... tout présage dès lors un avenir lugubre pour les femmes musulmanes. C’est au cours du XVIIe siècle qu’on va assister aux premières décadences de la vie politique et économique et à la dégradation du droit des femmes.
Le but du féminisme musulman, on va le voir, c’est de se réapproprier la mémoire et le patrimoine (ou devrais-je dire, le matrimoine) de ces femmes qui ont construit et produit de nouvelles interprétations, ou en tous cas d’autres interprétations qui n’ont pas à être bien moins légitimes que les interprétations dominantes ou celles qui n’arrangent que trop les despotes pseudo-érudits dans les pays dits musulmans.
Pour nous éclairer sur ce sujet, surtout en ce moment, qui d’autre que Malika Hamidi ? Malika Hamidi est docteure en sociologie de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) de Paris. Spécialiste du féminisme musulman en Europe, elle a publié aux Éditions de l’Aube un ouvrage tiré de sa thèse doctorale intitulé Un féminisme musulman, et pourquoi pas ?. Elle a par ailleurs co-écrit Des féminismes islamiques (La Fabrique, 2012) et contribué à de nombreux ouvrages collectifs comme celui sur les Afro-féminismes et féminismes qu’elle coordonne avec Fabienne Brion, Françoise Vergès et Christine Delphy. Elle co-dirige le projet européen « European Values for Primary School » dans le cadre du Programme Erasmus. Malika Hamidi nous éclaire sur l’impact de la religion islamique sur la vie des musulmanes, à travers des portraits de femmes féministes avant l’heure. Des femmes à la fois religieuses, indépendantes, revendicatrices, à contrecourant de l’image de la croyante exclue du débat public. Hâte de vous faire part de sa sagesse.
« Le mouvement féministe musulman est le fruit d’un long processus de réflexion et d’action de militantes et d’intellectuelles de par le monde qui considèrent que l’islam est source de justice, d’égalité et de dignité pour l’ensemble des êtres humains. » --- Malika Hamidi
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- Un féminisme musulman : et pourquoi pas ? (2017) de Malika Hamidi
- Le prophète de l’islam et les femmes de sa vie (2020) d’Asma Lamrabet
- Le Coran et la femme (2019) d’Amina Wadud
- Feminism in Islam: Secular and Religious Convergences (2009) de Margot Badran
- Islam et femmes (2017) d’Asma Lamrabet
- Féminismes islamiques (2012) de Zahra Ali
- Croyantes et féministes (2016) d’Asma Lamrabet
- La féministe et l’imam (2017) de Marie-Françoise Colombani & Tareq Oubrou
- Par-delà le voile (2000) de Nadine Weibel
- Fichu voile ! (2010) de Nadia Geerts
- Bas les voiles ! (2003) de Chahdortt Djavann
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- Millefeuille (2012) de Nouri Bouzid
- Caramel (2007) de Nadine Labaki
- Dégradé (2016) d’Arab Nasser & Tarzan Nasser
- À mon âge je me cache encore pour fumer (2016) de Rayhana Obermeyer
- Femmes du Caire (2010) de Yousry Nasrallah
- Les femmes du bus 678 (2011) de Mohamed Diab
- Amours voilées (2008) de Aziz Salmy
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