
ÉP 45 : Être une femme arabe légitime en France - avec Nesrine SLAOUI
06/24/21 • 37 min
Bienvenue dans ce 3ème et dernier épisode de la trilogie du jour portant sur la parole de femmes issues de l’immigration maghrébine qui ont rebattu les cartes et ont pu redéfinir leur place dans la société française. Le sujet de cet épisode est en effet celui de la trajectoire de vie, du parcours, de la carrière, de la réussite d’une femme en France aujourd'hui quand elle est d’origine arabe ou d’obédience musulmane. Se revendiquer féministe, c’est super, mais encore faut-il que ce féminisme s’applique à toutes les femmes, y compris les femmes issues de l’immigration maghrébine, y compris les femmes musulmanes non pratiquantes, y compris les femmes pieuses qui portent le voile (là où elles ont encore le droit de le porter). L’ascension sociale, le capital culturel, la méritocratie, l’accent, le fait de parler vite, le travail d’arabe, le CV, la chance, les rencontres amoureuses... C’est de toutes ces notions qu’on va parler aujourd'hui pour voir si l’on peut se sentir légitime dans la société française d’aujourd'hui en tant que personne d’origine maghrébine.
J’ai le plaisir de discuter de ce sujet avec une jeune femme qui a fait sensation cette année, il s’agit de Nesrine Slaoui. Elle est issue d’une famille modeste, d’origine marocaine et a toujours été poussée vers l’excellence académique. Elle a été la première de sa famille à obtenir le baccalauréat mais elle finit aussi par intégrer les rangs de Sciences Po Paris. Elle parle d’elle-même comme une transfuge de classe mais Nesrine est surtout une journaliste émérite, elle a travaillé pour le Bondy Blog, LCI, C-News, RMC. Elle travaille maintenant chez France 24 et le nouveau média Loopsider. Elle est l’autrice d’un bouquin superbe, Illégitimes, aux éditions Fayard, qui est venu conforter toute une génération de personnes à qui on a ôté le mérite ou la légitimité, du simple fait de ses origines. Aujourd'hui, elle va nous expliquer sa façon à elle de ne plus se sentir illégitime.
« À partir du moment où je suis rentré à Science Po, la race ne s’est plus jamais effacée. Je n’ai plus eu de répit par rapport aux questions raciales. Tous les jours on me renvoyait le fait que j’étais une femme maghrébine. C’était mon identité, point. C’est à ce moment-là que j’ai le plus entendu le mot ‘beurette’. » --- Nesrine Slaoui
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- Illégitimes (2020) de Nesrine Slaoui
- Des beurettes (2003) de Nacira Guénif-Souilamas
- Le Pays des Autres (2020) de Leïla Slimani
- Le grand détournement (2017) de Fatiha Agag-Boudjahlat
- La discrétion (2020) de Faïza Guène
- Bleu, blanc, vert (2006) de Maïssa Bey
- La petite dernière (2020) de Fatima Daas
- L’Art de perdre (2017) d’Alice Zeniter
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- On nous appelait beurettes / Nos mère, nos daronnes / Meufs de (la) cité de Bouchera Azzouz
- Aïcha (2009) de Yamina Benguigui
- Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin (1997) de Yamina Benguigui
- La Crème de la crème (2014) de Kim Chapiron
- 9/3, mémoire d’un territoire (2008) de Yamina Benguigui
- D’une pierre deux coups (2016) de Fejria Deliba
- Neuilly sa mère ! (2009) de Gabriel Julien-Laferrière
- Incha’allah dimanche (2001) de Yamina Benguigui
- Les Visages de la Victoire (2020) de Lyèce Boukhitine
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Bienvenue dans ce 3ème et dernier épisode de la trilogie du jour portant sur la parole de femmes issues de l’immigration maghrébine qui ont rebattu les cartes et ont pu redéfinir leur place dans la société française. Le sujet de cet épisode est en effet celui de la trajectoire de vie, du parcours, de la carrière, de la réussite d’une femme en France aujourd'hui quand elle est d’origine arabe ou d’obédience musulmane. Se revendiquer féministe, c’est super, mais encore faut-il que ce féminisme s’applique à toutes les femmes, y compris les femmes issues de l’immigration maghrébine, y compris les femmes musulmanes non pratiquantes, y compris les femmes pieuses qui portent le voile (là où elles ont encore le droit de le porter). L’ascension sociale, le capital culturel, la méritocratie, l’accent, le fait de parler vite, le travail d’arabe, le CV, la chance, les rencontres amoureuses... C’est de toutes ces notions qu’on va parler aujourd'hui pour voir si l’on peut se sentir légitime dans la société française d’aujourd'hui en tant que personne d’origine maghrébine.
J’ai le plaisir de discuter de ce sujet avec une jeune femme qui a fait sensation cette année, il s’agit de Nesrine Slaoui. Elle est issue d’une famille modeste, d’origine marocaine et a toujours été poussée vers l’excellence académique. Elle a été la première de sa famille à obtenir le baccalauréat mais elle finit aussi par intégrer les rangs de Sciences Po Paris. Elle parle d’elle-même comme une transfuge de classe mais Nesrine est surtout une journaliste émérite, elle a travaillé pour le Bondy Blog, LCI, C-News, RMC. Elle travaille maintenant chez France 24 et le nouveau média Loopsider. Elle est l’autrice d’un bouquin superbe, Illégitimes, aux éditions Fayard, qui est venu conforter toute une génération de personnes à qui on a ôté le mérite ou la légitimité, du simple fait de ses origines. Aujourd'hui, elle va nous expliquer sa façon à elle de ne plus se sentir illégitime.
« À partir du moment où je suis rentré à Science Po, la race ne s’est plus jamais effacée. Je n’ai plus eu de répit par rapport aux questions raciales. Tous les jours on me renvoyait le fait que j’étais une femme maghrébine. C’était mon identité, point. C’est à ce moment-là que j’ai le plus entendu le mot ‘beurette’. » --- Nesrine Slaoui
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- Illégitimes (2020) de Nesrine Slaoui
- Des beurettes (2003) de Nacira Guénif-Souilamas
- Le Pays des Autres (2020) de Leïla Slimani
- Le grand détournement (2017) de Fatiha Agag-Boudjahlat
- La discrétion (2020) de Faïza Guène
- Bleu, blanc, vert (2006) de Maïssa Bey
- La petite dernière (2020) de Fatima Daas
- L’Art de perdre (2017) d’Alice Zeniter
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- On nous appelait beurettes / Nos mère, nos daronnes / Meufs de (la) cité de Bouchera Azzouz
- Aïcha (2009) de Yamina Benguigui
- Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin (1997) de Yamina Benguigui
- La Crème de la crème (2014) de Kim Chapiron
- 9/3, mémoire d’un territoire (2008) de Yamina Benguigui
- D’une pierre deux coups (2016) de Fejria Deliba
- Neuilly sa mère ! (2009) de Gabriel Julien-Laferrière
- Incha’allah dimanche (2001) de Yamina Benguigui
- Les Visages de la Victoire (2020) de Lyèce Boukhitine
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ÉP 44 : La puissance des mères arabes et/ou musulmanes - avec Fatima OUASSAK
Dans ce 2ème épisode de la trilogie du jour, nous allons parler de la figure vénérée de la mère. De la maman. De la daronne quoi. On va voir le rôle qu’elle a à jouer dans l’éducation, dans les discussions autour de la sexualité, dans la société et dans la défense des droits de ses enfants face à l’institution républicaine. On va voir pourquoi les luttes des mères arabes et/ou musulmanes doivent être des luttes de reconquête territoriale.
Dans les films, vous voyez souvent la mère arabe ou africaine hurler contre son fils devant le proviseur, honteuse de ne pas avoir assez bien répondu à l’impératif républicain d’avoir éduqué son fils à la hauteur des vraies valeurs françaises. Laisse pas traîner ton fils. Sinon ce sera de votre faute s’il tourne mal. Est-ce que les mères immigrées des banlieues n’ont pas d’autre choix que d’assigner leurs enfants à résidence ? C’est en établissant les liens entre classe, genre et race qu’on s’aperçoit que les inégalités se creusent. Pourquoi le combat des mères est un angle mort du féminisme ? C’est quoi la différence entre une mère et une maman ? Quel est ce pouvoir que les mères ont qui changera le monde ?
J’ai le plaisir de discuter de ce sujet avec Fatima Ouassak. Elle est politologue, consultante en politique sociale et politique publique. Elle est cofondatrice du collectif Front des Mères, syndicat de parents d’élèves qui œuvre, dans les quartiers populaires, pour plus de justice sociale, et Présidente du Réseaux Classe Genre Race qui se bat contre les discriminations que subissent les femmes issues de l'immigration post-coloniale. Fatima Ouassak est une militante, elle a aussi participé au Mouvement des Indigènes de la République ; Fatima Ouassak est une mère. Elle vient de publier un essai aux éditions La Découverte, intitulé La puissance des mères - pour un nouveau sujet révolutionnaire dans lequel elle propose de politiser la figure des mères des quartiers populaires pour faire basculer l'ordre établi qui menace, attaque, voire tue leurs enfants.
« Lorsque le système dominant regarde nos enfants, il ne voit pas des enfants, il voit des menaces pour sa survie, il les désenfantise. » --- Fatima Ouassak
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- La puissance des mères (2020) de Fatima Ouassak
- Ne nous libérez pas, on s’en charge (2020) de Bibia Pavard, Florence Rochefort & Michelle Zancarini-Fournel
- Le grand détournement (2017) de Fatiha Agag-Boudjahlat
- La discrétion (2020) de Faïza Guène
- Le ventre des femmes (2017) de Françoise Vergès
- Nouvelle mère (2020) de Cécile Doherty-Bigara
- Mort pour la France (2013) de Latifa Ibn Ziaten
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- D’une pierre deux coups (2016) de Fejria Deliba
- Neuilly sa mère ! (2009) de Gabriel Julien-Laferrière
- Les Visages de la Victoire (2020) de Lyèce Boukhitine
- Bonne mère (2021) de Hafsia Herzi
- Fatima (2016) de Philippe Faucon
- Divines (2016) de Houda Benyamina
- Latifa, le cœur au combat (2017) de Cyril Brody & Olivier Peyon
- Entre les murs (2008) de Laurent Cantet
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ÉP 46 : Libérer le corps et la sexualité - avec Bebe MELKOR-KADIOR
Dans notre épisode du jour, je vais parler de corps et de sexualité. On va essayer ensemble de comprendre comment braver l’interdit de la sacralisation absolue du corps, qui n’est scientifiquement qu’un tas d’os et d’organes, voué à périr. Contrairement à l’esprit, qui tisse notre rapport à la spiritualité, le corps est immanent, temporaire, fugitif, changeant et éphémère. Il est amené à se modeler, à s’éprouver, à se vivre avant de s’étioler dans une mort certaine. Il est donc profane et non pas sacré. Et si le corps était si sacré, pourquoi alors avoir rendu sale, bestial et vicieux le sexe qu’il porte ? Pourquoi avoir fait de la sexualité un péché originel ?
Entre deux personnes éprouvant du désir l’un envers l’autre, il y a une limite spatiale (hududu Allah) qui tracent une frontière empêchant l’introduction du désir. Le corps est un territoire qui appartiennent à soi et à Dieu. En arabe, il y a plusieurs mots pour indiquer le corps. Cette frontière s’adresse au jassad جسد et non pas au jism جسم (qui est un corps masse, forme et substance) et au badn بدن (qui n’est que l’enveloppe, la cuirasse corporelle dans ses transformations physiques). Le jassad tend à désigner le corps dans sa dimension sensorielle, esthétique et affective. C’est le terme utilisé pour désigner le corps dans l’amour, où le sensible serait le siège de la volupté et de la jouissance.
NB : on va aussi parler de TDS, c'est-à-dire de Travail Du Sexe, ou des travailleur·euse·s du sexe.
Mon invitée du jour est connue sur Instagram elle se nomme @thepainproofpriestess, mais son vrai nom, celui qu’elle a décidé d’incarner, c’est Bebe MELKOR-KADIOR. Bebe est une afroféministe pro-sexe queer. Elle se définit aussi comme une femme noire, autrice, tantôt performeuse pornographique, tantôt fakir, parfois artiste & modèle, souvent comme travailleuse du sexe et fièrement comme « salope ». Oui, Bebe scande haut et fort la nécessaire réappropriation des corps des femmes et de leurs sexualités, départis des injonctions du patriarcat et des masculinités toxiques. C’est ce qu’elle écrit notamment dans son manifeste Balance ton corps, publié en 2020 aux éditions La Musardine.
« Personne d’autre que moi ne peut me dicter comment vivre ma relation avec mon corps. Les choix de vie que je fais pour lui relèvent de l’intime. » --- Bebe Melkor-Kadior
Si vous voulez bouquiner 🤓📘📚
- Balance ton corps (2020) de Bebe Melkor-Kadior
- Le corps enchaîné (2018) de Mohammed Ennaji
- Le corps en islam (2013) de Malek Chebel
- La fin du tapin. Sociologie de la croisade pour l’abolition de la prostitution (2014) de Lilian Mathieu
- Sexe, race et colonie (2012) de Pascal Blanchard
- King-Kong Théorie (2006) de Virginie Despentes
- Le noir est une couleur (1974) de Grisélidis Réal
- Carnet de bal d’une courtisane (2005) de Grisélidis Réal
Si vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️
- Les travailleu(r)euses du sexe (2010) de Jean-Michel Carré
- Vivante (2019) d’Anoushka
- Viva Laldjérie (2004) de Nadir Moknèche
- Much Loved (2015) de Nabil Ayouch
- Mamma Roma (2004) de Pier Paolo Pasolini
- Les Yeux Secs (2004) de Narjiss Nejjar
- Les Bois dont les rêves sont faits (2016) de Claire Simon
- L’immeuble Yacoubian (2006) de Marwan Hamed
- L’Apollonide : Souvenirs de la maison close (2011) de Bertrand Bonello
- J’ai tant aimé (2008) documentaire de Dalila Ennadre
- Belle-de-jour (1967) de Luis Buñuel
- Sauvage (2018) de Camille Vidal-Naquet
Si vous voulez interagir, suivez JINS sur Instagram sur le compte @jins_podcast
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