
Saison 2 - Comment les narcotrafiquants blanchissent les millions d’euros du trafic (6/6)
04/09/24 • 22 min
Dans ce dernier épisode de la deuxième saison, Cartel Nord décrypte les circuits de blanchiment de l'argent issu du trafic de drogue. En 2023, d'après l'Office français des drogues et toxicomanies (Ofdt), le chiffre d'affaires s’élèverait à 3,5 milliards d’euros.
Des sommes considérables accumulées par les différents points de deal où viennent s'approvisionner les consommateurs. "Les clients en fait, souvent, c'est des petits consommateurs donc ils viennent pour 20 ou 50 €", détaille la commissaire divisionnaire Sandrine Destampes, cheffe de la brigade criminalité financière au service interdépartemental de la police judiciaire. Mis bout-à-bout, ce nombre de consommateurs se compte en millions. D’après l’Ofdt il y a en France 5 millions de consommateurs de cannabis et 600 000 de cocaïne.
Comme pour une véritable entreprise, sur les points de deal, il faut distinguer le bénéfice du chiffre d'affaires. Tous ces milliers d’euros collectés ne vont pas directement dans la poche des gérants du réseau. Une partie est d’abord utilisée pour faire tourner la boutique. "C'est une erreur de penser que cet argent là dans sa totalité n'est que du profit. En fait, dans cet argent là, il y a une partie qui est utilisée pour payer le fonctionnement du trafic", abonde la commissaire divisionnaire.
Une fois les frais de gestion et de personnel payés, il reste donc le bénéfice. Pour les narcotrafiquants, l’objectif est simple : blanchir cet argent sale. Plusieurs méthodes existent pour réinjecter ces milliers d'euros dans l'économie réelle. La plus évidente consiste à le dépenser directement dans des produits de consommation. Problème, en France, tout achat en cash de plus de 1 000€ doit être contrôlé. Pour contourner cette limite, les trafiquants font voyager cet argent dans des pays moins regardant sur la provenance de l'argent liquide.
D'autres moyens plus complexes sont utilisés pour blanchir l'argent du trafic. Parmi eux, la compensation est une méthode largement employée. Elle consiste à transférer l'argent sans le déplacer physiquement mais c'est sa valeur, son montant, qui est transmis oralement entre deux personnes d’un pays à l’autre. Ensuite, l'argent qui n'a pas voyagé est injecté discrètement dans l’économie réelle via certains commerces de rue. "C'est comme ça que parfois vous voyez beaucoup de commerces clinquants avec un personnel foisonnant et il n'y a jamais personne", décrit Florent Bonnefoi, journaliste au service faits-divers de La Provence.
Printemps 2023, une affaire judiciaire révèle au grand jour une autre méthode sophistiquée de blanchiment d’argent sale autour d’Aix-en-Provence. Une méthode qui aurait permis de blanchir près de 45 millions d’euros entre 2017 et 2023.
Face à ces réseaux de blanchiment d’argent de plus en plus complexes et élaborés, la brigade financière de la police judiciaire adapte ses méthodes d’enquête et traque de plus en plus les flux financiers des trafiquants.
Cartel Nord est un podcast en 5 saisons à découvrir sur laprovence.com et toutes les plateformes de streaming.
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Cartel Nord est un podcast original La Provence.
Écrit et raconté par : Eric Miguet et Jean-Guillaume Bayard.
Habillage et mixage : Aurore Le Bihan et Sylvain Paley.
Rédaction en chef : Aurélie Rossignol.
Directeur de la rédaction : Aurélien Viers.
Avec la participation du service Documentation.
Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans ce dernier épisode de la deuxième saison, Cartel Nord décrypte les circuits de blanchiment de l'argent issu du trafic de drogue. En 2023, d'après l'Office français des drogues et toxicomanies (Ofdt), le chiffre d'affaires s’élèverait à 3,5 milliards d’euros.
Des sommes considérables accumulées par les différents points de deal où viennent s'approvisionner les consommateurs. "Les clients en fait, souvent, c'est des petits consommateurs donc ils viennent pour 20 ou 50 €", détaille la commissaire divisionnaire Sandrine Destampes, cheffe de la brigade criminalité financière au service interdépartemental de la police judiciaire. Mis bout-à-bout, ce nombre de consommateurs se compte en millions. D’après l’Ofdt il y a en France 5 millions de consommateurs de cannabis et 600 000 de cocaïne.
Comme pour une véritable entreprise, sur les points de deal, il faut distinguer le bénéfice du chiffre d'affaires. Tous ces milliers d’euros collectés ne vont pas directement dans la poche des gérants du réseau. Une partie est d’abord utilisée pour faire tourner la boutique. "C'est une erreur de penser que cet argent là dans sa totalité n'est que du profit. En fait, dans cet argent là, il y a une partie qui est utilisée pour payer le fonctionnement du trafic", abonde la commissaire divisionnaire.
Une fois les frais de gestion et de personnel payés, il reste donc le bénéfice. Pour les narcotrafiquants, l’objectif est simple : blanchir cet argent sale. Plusieurs méthodes existent pour réinjecter ces milliers d'euros dans l'économie réelle. La plus évidente consiste à le dépenser directement dans des produits de consommation. Problème, en France, tout achat en cash de plus de 1 000€ doit être contrôlé. Pour contourner cette limite, les trafiquants font voyager cet argent dans des pays moins regardant sur la provenance de l'argent liquide.
D'autres moyens plus complexes sont utilisés pour blanchir l'argent du trafic. Parmi eux, la compensation est une méthode largement employée. Elle consiste à transférer l'argent sans le déplacer physiquement mais c'est sa valeur, son montant, qui est transmis oralement entre deux personnes d’un pays à l’autre. Ensuite, l'argent qui n'a pas voyagé est injecté discrètement dans l’économie réelle via certains commerces de rue. "C'est comme ça que parfois vous voyez beaucoup de commerces clinquants avec un personnel foisonnant et il n'y a jamais personne", décrit Florent Bonnefoi, journaliste au service faits-divers de La Provence.
Printemps 2023, une affaire judiciaire révèle au grand jour une autre méthode sophistiquée de blanchiment d’argent sale autour d’Aix-en-Provence. Une méthode qui aurait permis de blanchir près de 45 millions d’euros entre 2017 et 2023.
Face à ces réseaux de blanchiment d’argent de plus en plus complexes et élaborés, la brigade financière de la police judiciaire adapte ses méthodes d’enquête et traque de plus en plus les flux financiers des trafiquants.
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Saison 2 - S'armer ou mourir, la nouvelle ère de la terreur (5/6)
Dans ce cinquième épisode de la deuxième saison, Cartel Nord plonge au cœur de l'ultra-violence entre les groupes de narcotrafiquants. Avec 49 morts, plus de 110 blessés et près de 150 fusillades en 2023, jamais Marseille n'a connu pareille violence. La conséquence d'un usage débridé d’armes qui sont en quasi-libre circulation et placées entre les mains de jeunes à peine majeurs.
2023 marque un basculement dans les règlements de compte avec un premier changement majeur : les cibles. "Jusqu'alors, on avait plutôt l'habitude de voir des conflits qui visaient des individus qui avaient déjà un certain positionnement dans l'organisation criminelle, pose Pascal Bonnet, commissaire divisionnaire à la police judiciaire de Marseille et chef de la division de la criminalité organisée et spécialisée. Aujourd'hui, on se rend compte que lorsqu'ils débarquent sur un point de vente, ils viennent, ils viennent abattre le charbonneur ou le chouffe. En tout cas, un membre du clan, peu importe qui il est."
Un tournant symbolisé par une arme : la kalachnikov. Cette arme de guerre incarne cette ère de "terrorisation", comme le décrit Pascal Bonnet. Si elle est majoritaire dans les règlements de compte, elle n'est pas la seule utilisée par les tireurs et une nouvelle arme a fait son apparition : les armes fabriquées en 3D. "Je crois qu'on a deux exemples actuellement sur le département d'armes imprimées en 3D qui ont été saisies", dévoile le commissaire divisionnaire.
Autre évolution majeur : le profil des tireurs. Désormais, les réseaux font la plupart du temps appel à des "freelances" du crime, une main d’œuvre extérieure à l'organisation, uniquement appelée pour exécuter un "contrat". Derrière la cagoule de ces tueurs se cachent des jeunes à peine majeurs. Un visage illustre cette bascule : celui de Mattéo, 18 ans, mis en examen pour 6 meurtres. Mais il n'est pas le seul. En 2023, près des deux tiers des fusillades sont le fait de jeunes âgés de 15 à 21 ans.
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Saison 3 - "Opération château" à la Castellane (1/6)
Dans ce premier épisode de la troisième saison, Cartel Nord livre un récit presque minuté de la journée du 17 juin 2013 où un impressionnant coup de filet policier a permis d'interpeller plus d'une vingtaine de membres du réseau de trafic de drogue de la tour K à la cité de la Castellane, dont le boss du plan stup'.
Dès 5h du matin, près de 250 policiers du Raid, des CRS et des enquêteurs de la police judiciaire sont réunis sur le parking du Leroy Merlin à Plan de Campagne, au nord de Marseille. Un dispositif gigantesque et atypique : la majorité des policiers présents n'étaient pas au courant des objectifs du jour pour éviter les risques de fuite. "C'était la première fois qu'on faisait ce genre d'opérations d'envergure", insiste Karine Sabourin, alors juge d'instruction au tribunal judiciaire de Marseille.
À 6h du matin, le convoi long de 2 kilomètres arrive à la cité pour mener à bien la mission baptisée "Opération château". "L'objectif, c'est la strate supérieure, les gestionnaires, les ravitailleurs, les trésoriers et puis les logisticiens, le lieutenant et le chef suprême", révèle Karine Sabourin. Après avoir quadrillé la cité, les perquisitions commencent.
Parmi elles, il y en a une qui est particulièrement suivie : celle visant la tête de réseau présumée du réseau de narcotrafiquants. Une opération à haut risque confiée aux équipes du Raid. "Cette personne-là avait échappé à un homicide quelques mois auparavant donc on savait qu'il était très méfiant. Il avait peur pour sa vie et il pouvait être armé donc, à partir de là, il y a plusieurs indicateurs et signaux qui nous disent qu'il faut mettre une équipe dédiée", justifie Sébastien Lautard, commissaire divisionnaire et ancien chef de la division stupéfiant de la police judiciaire de Marseille.
Aux alentours de 7h, les principales cibles, dont le chef présumé, sont interpellées et aucun incident majeur n'est signalé. Un calme trompeur. Dans les escaliers de la Tour K, subitement, Choc, le chien stup’ de la police judiciaire, renifle quelque chose. Dans la foulée, deux sacs de sport sont jetés depuis le 13ème étage. Au pied de la tour, c’est la stupeur pour les policiers. Les sacs sont remplis de billets en petites coupures pour un total de 274 000 euros. Une somme impressionnante, pourtant loin du reste des découvertes de la journée. "En tout, on a saisi 1,3 million d'euros. Je crois que c'est la plus grosse prise de toutes les affaires de stups faite en une fois", révèle Karine Sabourin.
Au-delà de ce butin, les perquisitions ont permis aux enquêteurs de mettre la main sur un trésor bien plus précieux : des centaines de feuilles de compte permettant de comprendre en profondeur le fonctionnement interne du réseau de la tour K. "C'est une merveille. La comptabilité du trafic, c'est un truc extraordinaire parce qu'alors on avait des lignes de comptes dignes d'une véritable entreprise", abonde la juge d'instruction.
Vers midi, les perquisitions sont terminées pour la police judiciaire. Au total, 23 personnes sont interpellées, 1,3 million d'euros, 1,6 kg de cannabis, 4 armes et près de 800 feuilles de compte sont saisis à la cité de la Castellane. Cette opération policière d'envergure est le résultat d’une enquête hors norme menée en secret pendant plus d’un an pour démanteler le plus grand réseau de narcotrafiquants de la région marseillaise, voire de France : le réseau de la tour K.
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Stagiaires : Baya Drissi et Camille Micaelli.
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